Page 12 - PÔLES SUD 61
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ENVIRONNEMENTÀ FLEUR DE... GRAINES,SPÉCIALISTES EN BIZARRERIES VÉGÉTALESÀ la rencontre d’un couple de maraîchers qui par goût et par conviction s’est spécialisé dans la production et la conservation de légumes et fruits anciens et si possible étonnants.Valériane et Thomas appellent cela leurs bizarreries végétales. Ils vont les chercher aussi bien dans les variétés locales dispa- rues qu’aux quatre coins du monde. Après 13 ans de présence sur les marchés, ils sont connus de tous les passionnés de jardin et étonnent encore les plus gastronomes. Valériane devait être institutrice, sa curio- sité et son attachement à sa grand-mère en décideront autrement. En 2006, elle s’installe dans la maison de famille à Saint-Alby, où se trouve déjà un jardin potager, des serres et un parc. C’est là qu’elle débute sa production pour ré- pondre aux besoins d’un jeune chef qui ouvre un restaurant gastronomique. Le cuisinier et la jardinière vont relever le dé  pour proposer l’excellence du végé- tal. Quand Thomas rencontre Valériane, il se fond dans le projet, les planches deculture ça lui parle, il est ébéniste! La gre e prend et à deux ils étendent leur production sur trois hectares situés stra- tégiquement dans trois sites distincts, sur les communes d’Aiguefonde et de Payrin- Augmontel.Défenseurs du manger localLeur production n’est pas labellisée bio. Ce qui importe à nos maraîchers, c’est faire le mieux possible avec du bon sens. " Quand on trouve des tomates bio pro- duites en hiver dans des serres chauf- fées, on voit bien qu’un label n’est pas une garantie suffisante. " Les valeurs qu’ils souhaitent partager avec leurs clients se retrouvent dans la démarche du "manger local", garant de produits frais et de saison.Contrairement à ce que l’on peut penser, les variétés anciennes sont plus fragiles, plus sensibles aux maladies et au trans- port. En cas d’attaques, pas de chimie, ce sont décoctions et purins d’ortie, consoude, prêle... qui sont auto-prescrits. Contre les ravageurs, c’est la lutte biolo- gique qui est privilégiée : insectes, aca- riens, nématodes et micro-organismes sont mobilisés. Mais cet été, la canicule a diminué l’e cacité de ces prédateurs et freiné la croissance " Nous n’avons pas manqué d’eau, mais l’impact des stress hydriques a été important, les plantes se bloquent, perdent leurs fruits et montent en graines ", précise le couple.Tout comme Thomas, Valériane n’a pas eu de formation initiale. Ils considèrentPÔLESSUD N°61/ 12que c’est un atout. " Nous ne sommes pas encombrés par d’un savoir théorique. Nous expérimentons, testons et nous trompons souvent " s’amusent nos maraî- chers. Ils produisent (presque) toutes les variétés de légumes, en faisant tourner les cultures. " Cette année, nous avons subi une grosse attaque d’altises, puces


































































































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