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               Découvertes
À L’AFFÛT
Lors de chaque affût notre photographe animalière prend des notes sur un carnet. Chut ! les animaux vont arriver...
Textes et photos de Carole Cuenot
Affût du 1er septembre 2021, ciel clair.
     PÔLESSUD N°67/18
  19h02 : ça y est, je suis en place, dissimulée dans la végé- tation, immobile et silencieuse. L’attente commence.
19h36 : une belle buse variable brune et blanche se pose dans un arbre en face de moi. Elle reste une vingtaine de minutes.
20h14 : les derniers rayons du soleil illuminent le paysage. Un premier sanglier arrive, en silence. C’est une femelle, elle est suivie de son marcassin. Le marcassin s’approche de moi, le soleil du soir brille dans ses poils.
Dans les arbres, les passereaux s’agitent avant la nuit : des pinsons des arbres, des mésanges bleues, un grim- pereau et une sittelle torchepot.
20h32 : les merles noirs sont les derniers à bouger, à remuer les feuilles au sol et à lancer des cris dans le silence de la forêt. Maman sanglier est toujours là avec son petit. Ils ne font aucun bruit.
21h03 : alors que l’humidité tombe, un renard arrive. Il trottine, me passe devant, s’arrête, m’observe. Il sait que
je suis là. Il a le regard tranquille. Dans le ciel, Jupiter vient d’apparaître.
22h14 : le renard s’en va, un chevreuil passe, il est aux aguets. Il broute un peu, relève la tête, broute à nouveau. La nuit est presque totalement là.
22h42 : le renard est revenu, il chasse devant moi depuis plus d’une heure. J’observe alors avec émerveillement, grâce à l’éclat de la lune, un phénomène que je n’avais pas encore eu l’occasion de voir : la coopération entre les renards et les sangliers. Le renard attrape une souris, la mange en partie, et laisse des restes au petit marcas- sin qui passe derrière lui. Quand ils se frôlent trop, renard et sanglier échangent de longs regards tranquilles. Sans mot, ils se parlent de tolérance mutuelle, de partage bienveillant et de respect.
Minuit : renard et sangliers viennent de partir. Un engou- levent est passé au-dessus de moi, une chouette hulotte chante dans la nuit. Je quitte l’affût et le monde tranquille des animaux sauvages.
  

















































































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